Il y a quelques jours, ma fille m'a parlé avec enthousiasme de cette tendance chez ses amis : retrouver l'esthétique des appareils photos jetables des années 90.
Un style photographique qu'elle n'a pourtant jamais connu directement, mais qui l'attire par son authenticité, son grain, ses couleurs légèrement désaturées et toutes ses imperfections.
Cette conversation a fait ressurgir en moi des souvenirs enfouis d'une époque où la photographie était imparfaite, mais tellement nostalgique. Une époque où l'on ne pouvait pas prendre 50 clichés pour en choisir un seul, où chaque déclenchement comptait.
J'ai repensé aux vieux Kodak jetables, à cette époque où on prenait des photos sans se soucier du résultat, juste pour capturer un moment.
Pas de prévisualisation, pas de reprise, juste l'instant présent et l'espoir que ça donne quelque chose de chouette.
C'est ce qui m'a donné l'idée de tester quelque chose de différent : monter un objectif OREO Retropia sur mon vieux boîtier Fuji XT1.
Ce petit objectif, qui ressemble vraiment à un biscuit Oreo comme son nom l'indique, promet de reproduire le rendu vintage des appareils jetables. Un petit objectif rigolo à moins de 40€
Et quoi de mieux qu'une soirée entre amis pour le mettre à l'épreuve ? Loin des contraintes habituelles de mes shootings professionnels, juste pour le plaisir de redécouvrir une photographie plus instinctive.
Le Fuji XT1 est un boîtier numérique au design rétro qui rappelle déjà les appareils argentiques des années 70-80. Avec ses molettes apparentes et son viseur central, il évoque naturellement le passé.
Le marier avec l'objectif OREO Retropia semblait donc être une évidence. Ce petit objectif de 32mm à ouverture fixe f/10 est en réalité fabriqué à partir de l'optique d'un appareil jetable recyclé. Son prix dérisoire (moins de 40€) en fait un accessoire ludique plus qu'un véritable outil professionnel.
Mais c'est justement ce qui m'intéressait : sortir de ma zone de confort, oublier les objectifs haut de gamme, les ouvertures lumineuses, les mises au point précises.
Revenir à l'essence même de la photographie : cadrer, sentir, capturer l'instant présent. Avec cet objectif, pas de réglages complexes à effectuer – sa mise au point est fixée à l'infini, son ouverture est non modifiable.
Cette simplicité technique m'a obligé à me concentrer sur d'autres aspects : la composition, le moment, l'émotion.
Un appareil photo "vintage" dans son design, mais avec une technologie qui reste solide. Avec son look inspiré des appareils argentiques et ses nombreuses molettes physiques, il était le compagnon idéal pour ce test.
Capteur APS-C 16MP
Viseur électronique OLED
Construction en magnésium
Look rétro mais performances modernes
Cet objectif au look d'un biscuit Oreo est en réalité une optique recyclée d'un appareil photo jetable, montée sur une bague d'adaptation pour boîtiers modernes.
Focale fixe 32mm
Ouverture fixe f/10
Distance de mise au point: environ 1,5m à l'infini
Construction ultra simple et légère
Prix dérisoire (moins de 40€)
Bon ok, oui c'est ma tête là !
Pour info, aucune compétence technique n'est nécessaire pour réussir des photos pourries !!! 😁 J'ai laissé les jeunes jouer avec mon appareil.
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Dès les premiers clichés, j'ai été surpris par le rendu. Loin d'être techniquement parfaites, les images possèdent un charme indéniable.
Les bords sont délicieusement flous, les couleurs légèrement décalées, la netteté globale moins tranchante qu'avec mes optiques habituelles.
En d'autres circonstances, ces caractéristiques seraient considérées comme des défauts. Ici, elles deviennent la signature même de l'esthétique recherchée.
Ces imperfections ont créé une distance temporelle fascinante. En regardant les photos, on pourrait vraiment croire qu'elles ont été prises il y a 30 ans.
Le grain subtil, la légère saturation des verts, le dégradé vers les bords, tout contribue à recréer cette esthétique si particulière des appareils jetables Kodak ou Fuji des années 90.
Ce qui m'a le plus frappé durant cette soirée, c'est à quel point l'utilisation de cet objectif a changé ma façon de photographier.
Habituellement, en tant que professionnel, je suis constamment en train d'ajuster mes réglages, de vérifier la mise au point, de contrôler l'exposition. Ce soir-là, libéré de ces contraintes techniques, j'ai retrouvé une spontanéité que j'avais presque oubliée.
Je me suis surpris à me déplacer différemment, à jouer avec les distances, à chercher des angles inattendus. Sans la pression de la perfection technique, je me suis autorisé à expérimenter davantage.
Cette légèreté dans l'approche a été contagieuse : mes amis, d'ordinaire un peu crispés devant mon matériel professionnel, se sont montrés beaucoup plus naturels face à ce petit objectif qui ressemble plus à un jouet qu'à un outil sérieux.
Et puis, il y a cette magie du résultat incertain. Avec mes optiques habituelles, je sais généralement à quoi m'attendre. Ici, chaque image était une petite surprise, un petit cadeau imprévisible. Cette part d'aléatoire m'a reconnecté avec l'excitation des débuts de la photographie, quand on attendait avec impatience le développement des pellicules.
Photo : Franck BOISSELIER - FUJI XT1 + objectif Retropia OREO
Bien que les images brutes sortant de l'appareil avaient déjà un charme indéniable, j'ai voulu pousser l'expérience un peu plus loin.
Dans Lightroom, j'ai appliqué une légère désaturation supplémentaire et surtout un virage vert subtil qui rappelle certaines pellicules de l'époque.
J'ai également renforcé très légèrement les hautes lumières pour accentuer cet effet "flashé" si caractéristique des appareils jetables.
La touche finale a consisté à ajouter ces bordures blanches épaisses façon Polaroid. Non pas pour imiter directement les Polaroid (qui ont leur propre esthétique), mais plutôt pour encadrer ces images dans un contexte visuel qui évoque immédiatement l'idée de souvenirs tangibles, physiques, d'une époque où les photos existaient d'abord comme objets avant d'être des fichiers numériques.
Cette étape de post-traitement, je la vois comme un prolongement de l'expérience plutôt qu'une correction. Je n'ai pas cherché à "réparer" les défauts de l'objectif, mais plutôt à les célébrer, à les amplifier même, pour mieux servir l'intention artistique initiale.
Quand j'ai montré ces photos à ma fille, sa réaction a été fascinante.
Elle, qui n'a jamais connu l'époque des appareils jetables, a immédiatement reconnu l'esthétique qu'elle recherchait. "C'est exactement ça !" s'est-elle exclamée.
Ce moment m'a fait réfléchir à cette étrange nostalgie pour une époque non vécue, ce phénomène de plus en plus courant chez les jeunes générations.
Peut-être est-ce une réaction à l'hyper-perfection des images contemporaines, omniprésentes sur les réseaux sociaux. Dans un monde où tout est filtré, lissé, optimisé algorithmiquement, ces imperfections vintages apportent une authenticité rafraîchissante. Elles racontent quelque chose de vrai, d'imparfaitement humain.
Ce dialogue intergénérationnel autour de l'esthétique photographique m'a touché. Moi qui ai connu ces appareils jetables dans ma jeunesse, je redécouvre leur charme à travers les yeux de ma fille. Elle, qui n'a connu que le numérique, trouve dans ces images une authenticité qu'elle recherche.
La boucle est bouclée, d'une certaine façon.
Cette expérience m'a amené à une réflexion plus profonde sur mon métier de photographe.
Dans ma pratique professionnelle, je recherche constamment la maîtrise technique, la précision, la netteté. Et si, parfois, cette quête de perfection nous éloignait de l'essentiel ?
Les photos prises avec l'OREO Retropia ne sont pas techniquement impressionnantes. Elles sont floues par endroits, les couleurs ne sont pas fidèles, la définition est limitée. Mais elles possèdent une âme, une chaleur, une authenticité que beaucoup d'images techniquement parfaites n'ont pas.
Je pense à ces grands photographes du passé qui ont créé des chefs-d'œuvre avec des équipements bien plus limités que les nôtres. Robert Capa et ses images floues mais poignantes du débarquement de Normandie. Les photographies granuleuses mais expressives de William Klein dans les rues de New York.
Ces images sont devenues iconiques non pas malgré leurs imperfections techniques, mais peut-être grâce à elles.
Dans un monde obsédé par la définition toujours plus haute, les capteurs toujours plus performants, les optiques toujours plus précises, n'y a-t-il pas quelque chose de profondément humain à embrasser l'imperfection ? À laisser un peu de place au hasard, à l'accident heureux, à la surprise ?
AVANTAGES
Prix très accessible (moins de 40€)
Légèreté extrême, passe-partout
Rendu vintage authentique sans filtres
Simplicité d'utilisation libératrice
Force à se concentrer sur la composition
Crée des images avec une atmosphère unique
Conversation starter (attire la curiosité)
Compatible avec la vidéo pour un look rétro
INCONVÉNIENTS
Construction entièrement en plastique fragile
Ouverture fixe f/10 limitante en basse lumière
Mise au point fixe à l'infini (pas de gros plans)
Aberrations chromatiques importantes
Flou prononcé sur les bords de l'image
Pas de contacts électroniques (pas de EXIF)
Absence de capuchon de protection frontale
Résultats parfois trop imprévisibles
Après cette expérience, je peux identifier plusieurs contextes où cet objectif trouve parfaitement sa place :
Événements informels entre amis - Comme cette soirée que j'ai immortalisée, les contextes décontractés où la spontanéité prime sur la perfection technique sont parfaits pour cet objectif.
Projets personnels créatifs - Pour sortir de sa zone de confort et explorer une esthétique différente, c'est un outil formidable qui force à penser autrement sa photographie.
Photographie de rue - La discrétion de l'ensemble boîtier+objectif et l'absence de réglages complexes permettent de se concentrer uniquement sur l'instant décisif.
Création de contenu nostalgique - Pour un projet commercial ou artistique nécessitant une esthétique années 90 authentique, c'est bien plus convaincant que des filtres numériques.
Pédagogie photographique - Je pense sérieusement à l'utiliser dans certains de mes ateliers pour rappeler aux participants que la technique n'est qu'un moyen et non une fin en soi.
En revanche, je le déconseille fortement pour :
Photographie professionnelle contractuelle - Sauf si le style vintage est explicitement demandé par le client, les limitations techniques sont trop importantes.
Situations de faible luminosité - Avec son ouverture fixe à f/10, il nécessite beaucoup de lumière ou des ISO très élevés.
Photographie de précision - Architecture technique, macrophotographie ou tout sujet nécessitant une grande netteté de détails.
Cette expérience avec l'Oreo Retropia ne doit pas rester qu'un simple jeu passager.
Je vous propose de pousser l'exploration plus loin avec un défi créatif : utiliser cet objectif (ou n'importe quel objectif fixe simple) pour une série de photos de rue en noir et blanc.
Pourquoi la photo de rue ? Parce que c'est un terrain de jeu idéal pour cette approche instinctive et spontanée. Dans la rue, les moments sont fugaces, les conditions changeantes, et on doit faire confiance à son œil plutôt qu'à sa technique.
Pourquoi le noir et blanc ? Pour aller encore plus loin dans l'épuration et se concentrer uniquement sur la lumière, les formes, les expressions. Le noir et blanc amplifie cette esthétique intemporelle et nous libère de la distraction des couleurs.
Voici les règles du défi :
Utilisez un objectif simple à focale fixe (idéalement l'Oreo Retropia)
Passez une journée entière à photographier dans la rue
N'utilisez que le noir et blanc
Ne regardez pas vos photos pendant la prise de vue
Sélectionnez vos 10 meilleures images et partagez-les
Je lancerai ce défi le mois prochain et partagerai mes résultats sur le blog.
Rejoignez-moi dans cette aventure et redécouvrez le plaisir d'une photographie plus intuitive, plus brute, mais peut-être aussi plus authentique.
"Parfois, c'est en s'imposant des limites qu'on trouve une nouvelle forme de liberté créative."
Cette expérience avec l'objectif OREO Retropia sur mon Fuji XT1 m'a offert bien plus qu'une simple série de photos au style vintage. Elle m'a rappelé l'essence même de la photographie : capturer des émotions, des instants, des connexions humaines.
En tant que photographe professionnel, je passe parfois tellement de temps à me préoccuper de la technique que j'en oublie pourquoi j'ai commencé à photographier. Ce petit objectif bon marché, avec toutes ses limitations et ses "défauts", m'a paradoxalement libéré. Il m'a ramené à l'essentiel : être présent, observer, ressentir, déclencher au bon moment.
Le plus beau dans cette aventure, c'est peut-être ce pont créé entre ma fille et moi, entre sa génération et la mienne, autour d'une esthétique qui traverse le temps. Elle qui cherchait à recréer un passé qu'elle n'a pas connu, moi qui redécouvre une simplicité que j'avais presque oubliée.
"La vraie magie de la photographie ne réside pas dans la perfection technique, mais dans sa capacité à capturer l'authenticité d'un moment, la vérité d'une émotion, la chaleur d'une connexion humaine."
Alors, est-ce que je recommande l'objectif OREO Retropia ? Sans hésitation, oui – non pas comme un outil photographique sérieux, mais comme une invitation à jouer, à expérimenter, à se libérer parfois du poids de la perfection technique. Pour moins de 40€, c'est une leçon de photographie inestimable sur ce qui compte vraiment.
Envie de progresser dans votre pratique de la photo ?
En général, tout commence par
• une frustration qui agace.
• un problème à régler sans savoir s'il existe une solution,
• une envie de passer un pallier mais rien n'y fait, vous êtes bloqué !
Comment faire ?
C'est à ce moment que j'interviens car j'ai connu tout ce parcours difficile de photographe :
• Je peux vous aider à y voir plus clair.
Parfois il suffit juste d'un truc, d'une vision plus claire, de prendre du recul pour que le ciel se dégage.
Quel est votre question du moment ?
Je vous propose de vous écouter pendant 30 minutes pour vous aider à faire un diagnostic de vos problèmes. Je pourrais ensuite vous donner mes meilleurs conseils et voir si je peux vous aider à progresser plus rapidement.
Prenez rendez-vous via ce calendrier. C'est gratuit, c'est en visio et je n'ai rien à vendre. (un lien de visio sera créé automatiquement)
Qui suis-je
Auparavant Maitre d'oeuvre, je suis devenu photographe professionnel en 2015. Je me suis spécialisé en portrait, spectacle, et en reportage de mariage. Je vous partage tout mon parcours et vous aide à devenir meilleur en maitrisant la technique mais surtout en developpant votre oeil de photographe.
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À PROPOS
Bonjour, je m’appelle Franck BOISSELIER. Je suis photographe professionnel, formateur et passionné de voyages.